Le Divin ne s'offre qu'à ceux qui s'offrent eux-mêmes à la Divinité.
Sri Aurobindo


Toutes choses sont des déploiements de la connaissance divine.
Vishnou Pourâna, 2.12.39


Toute la vie est un yoga.
Sri Aurobindo, La Synthèse des yogas - I.




lundi 13 décembre 2010

Ô MÈRE



Ô Mère
Toi qui as pourfendu la vérité
A travers les Ages,
Toi, qui d’un seul regard
Donne le feu divin,
Toi qui as sacrifié ton corps
Pour nous donner accès 
la Joie d’union au Divin
En notre corps matériel,
Toi qui as trempé ton Etre
Telle une lame d’acier
Dans le feu des origines
Pour lui donner l’éclat
Indestructible du Diamant. 

Évolumière



Celui qui veut sincèrement servir la Vérité connaîtra la Vérité.
Paroles de La Mère

Ne te vante jamais. En le faisant ta capacité de réalisation s'évapore.
Paroles de La Mère.

Si tu dis, avec conviction, au Divin: "Je ne veux que Toi", le Divin arrangera les circonstances de telle manière que tu seras obligé d'être sincère. 
Paroles de La Mère, 8 juin 1954

A une époque comme la nôtre...seuls comptent le succès et les satisfactions matérielles qu'il donne. Pourtant un nombre toujours croissant de mécontents cherchent à savoir la raison de la vie. Et d'autre part il est des sages qui savent et font effort pour aider l'humanité souffrante et pour répandre la lumière de la connaissance. Quand les deux se rencontrent, celui qui sait et celui qui veut savoir, alors jaillit un nouvel espoir dans le monde et un peu de lumière pénètre l'obscurité générale.
                                                                  *
Le mental occidental éprouve toujours de la difficulté à se soumettre à un gourou et sans soumission totale et inconditionnelle au gourou l'aide qu'il peut vous apporter est paralysée. C'est pourquoi je conseille en général aux Occidentaux de trouver le guide et la présence en eux-mêmes; il est vrai que par cette manière de procéder on s'expose souvent à rester dans l'incertitude ou à se mentir à soi-même en prenant pour une injonction du Divin une voix déguisée de l'ego.
   Dans les deux cas, seules une sincérité absolue et une humilité sans faille peuvent être votre sauvegarde.
   Avec mes bénédictions
Paroles de La Mère, 21 janvier 1955

Un sincérité sans compromis est le plus sûr chemin vers la réalisation spirituelle.
   Ne prétendez pas être, soyez.
   Ne promettez rien, réalisez.
   Ne rêvez pas, réalisez. 
Paroles de La MèreMars 1962

Croire que l'on est très sincère est inutile. Croire que l'on n'est pas sincère est  inutile. Ce qui est utile, c'est d'être sincère.
Paroles de La Mère

Pour atteindre votre but spirituel, soyez sincère, c'est-à-dire faites-en l'unique dessein de votre vie. 
                                               
Si tu dis, avec conviction, au Divin: "Je ne veux que Toi", le Divin arrangera les circonstances de telle manière que tu seras obligé d'être sincère. 
Paroles de La Mère, 3 juin 1958


Les sâdhanâs traditionnelles ont pour but l'union à la Conscience Suprême (Satchidânanda). Et ceux qui y parviennent se satisfont de leur propre libération et abandonnent le monde à son triste sort. La sâdhanâ de Sri Aurobindo commence au contraire là où les autres finissent. Une fois l'union avec le Suprême réalisée, on doit faire descendre cette réalisation dans le monde extérieur et changer les conditions de vie sur terre jusqu'à ce qu'une transformation totale soit accomplie. C'est pourquoi les sâdhaks du yoga intégral ne se retirent pas du monde pour mener une vie de contemplation et de méditation. Chacun doit consacrer au moins un tiers de son temps à un travail utile. Toutes les activités sont représentées à l'Ashram et chacun choisit le travail le plus conforme à son tempérament, mais il doit le faire dans un esprit de service de désintéressement, en gardant toujours présent à l'esprit le but de la transformation intégrale.
  Pour que cela soit possible, l'Ashram est organisé de telle façon que les besoins raisonnables de tous les sâdhaks se trouvent satisfaits et qu'ils n'aient pas à se soucier de leur subsistance.
  Il y a très peu de règlements pour que chacun puisse jouir de la liberté nécessaire à son développement, mais certaines choses sont strictement interdites: (1) la politique, (2) le tabac, (3) l'alcool, (4) le plaisir sexuel.
  Une attention particulière est apportée à la bonne santé, au bien-être et à la croissance normale du corps de tous, petits et grands, jeunes et vieux.
Paroles de La Mère, 24 septembre 1953




Les quatre Pouvoirs de la Mère sont quatre parmi ses prédominantes Personnalités, parties et personnifications de sa divinité, à travers lesquelles elle agit sur ses créatures, met en ordre et harmonise ses créations dans les mondes et dirige la manifestation de ses milliers de forces. Car la Mère est une, mais elle se présente à nous sous des aspects différents; elle a beaucoup de pouvoirs et de personnalités, beaucoup d'émanations et de vibhoûtis qui agissent pour elle dans l'univers. Celle que nous adorons comme la Mère est la Conscience-Force divine qui domine toute existence, unique et pourtant si multiple qu'il est impossible de suivre ses mouvements, même pour l'esprit le plus prompt et pour la plus libre et la plus vaste intelligence. La Mère est la conscience et la force du Suprême et elle est bien au-dessus de toutes ses créations. Mais quelque chose de ses voies peut être vu et senti à travers ses personnifications, d'autant plus perceptible que sont plus définis et limités le tempérament et l'action des formes de déesses dans lesquelles elle consent à se manifester à ses créatures.
Il y a trois manières d'être de la Mère que vous pouvez percevoir quand vous vous identifiez avec la Conscience-Force qui nous soutient, nous et l'univers. La Transcendante, la suprême Shakti originelle, qui se tient au-dessus des mondes et sert de trait d'union entre la création et le mystère toujours non manifesté du Suprême. L'Universelle, la Mahâshakti cosmique, qui crée tous les êtres et contient, pénètre, supporte et dirige les millions de procédés et de forces. L'Individuelle, qui personnifie le pouvoir des deux plus vastes aspects de son existence, les rend vivants et proches de nous et s'entremet entre la personnalité humaine et la Nature divine.
L'unique Shakti originelle et transcendante, la Mère, se tient au-dessus de tous les mondes et porte dans sa conscience éternelle le Divin suprême. Elle est seule à abriter le Pouvoir absolu et la Présence ineffable; contenant ou appelant les Vérités qui doivent être manifestées, elle les fait descendre, du mystère où elles étaient cachées, dans la lumière de sa conscience infinie et leur donne une forme dynamique dans son pouvoir omnipotent et dans sa vie sans bornes, et un corps dans l'univers. Le Suprême est manifesté en elle à jamais comme l'éternel Çatchidânanda (Sat-Chit-Ânanda); il se manifeste à travers elle dans les mondes comme la conscience unique et duelle de l'Ishwara-Shakti et le principe duel de Pourousha-Prakriti; il est personnifié par elle dans les mondes et les plans et les dieux et leurs énergies, et façonné grâce à elle comme tout ce qui est dans les mondes connus et dans d'autres inconnus. Tout est son jeu avec le Suprême; tout est sa manifestation des mystères de l'Éternel, des miracles de l'Infini. Tout est elle, car tous sont parcelles et fragments de la Conscience-Force divine. Rien ne peut être ici ou ailleurs que ce qu'elle décide et que le Suprême permet; rien ne peut prendre forme excepté ce que, mue par le Suprême, elle perçoit et façonne après en avoir moulé le germe dans son Ânanda créateur.
 


Quatre grands Aspects de la Mère, quatre de ses principaux Pouvoirs et Personnalités ont été mis en avant dans sa conduite de cet univers et dans ses relations avec le jeu terrestre. L'un est la personnalité de calme ampleur, de sagesse compréhensive, de bénignité tranquille, de compassion inépuisable, de majesté souveraine et supérieure, et de grandeur qui gouverne tout. Un autre personnifie son pouvoir de splendide énergie et d'irrésistible passion, sa disposition guerrière, sa volonté écrasante, sa promptitude impétueuse et sa force qui secoue le monde. Le troisième est ardent, doux et merveilleux dans le profond secret de sa beauté, de son harmonie et de son rythme délicat, dans son opulence complexe et subtile, son attrait irrésistible et sa grâce captivante. Le quatrième est pourvu de sa secrète et pénétrante capacité de connaissance intime, de travail soigneux et sans défaut et de perfection tranquille et précise en toutes choses. Sagesse, Énergie, Harmonie, Perfection sont leurs divers attributs, et ce sont ces pouvoirs qu'ils apportent avec eux dans le monde, qu'ils manifestent sous un déguisement humain dans leurs vibhoûtis, et qu'ils établiront suivant la mesure divine de leur ascension en ceux qui peuvent ouvrir leur nature terrestre à l'influence directe et vivante de la Mère. À ces quatre, nous donnons les quatre grands noms de Maheshwari, Mahâkâlî, Mahâlakshmî, Mahâsaraswati.


Il y a d'autres grandes Personnalités de la Mère divine, mais elles étaient plus difficiles à faire descendre et elles ne se sont pas mises en avant d'une manière aussi prononcée dans l'évolution de l'esprit terrestre. Parmi elles sont des Présences indispensables à la réalisation supramentale; la plus indispensable de toutes est la Personnalité de cette extase, cette béatitude mystérieuse et puissante qui s'écoule du suprême Amour divin, la Personnalité de l'Ananda qui seul peut remédier au gouffre entre les hauteurs les plus sublimes de l'Esprit supramental et les abîmes les plus profonds de la Matière, de l'Ananda qui tient la clef de la Vie merveilleuse la plus divine et qui, même maintenant, soutient depuis ses demeures cachées l'œuvre de tous les autres Pouvoirs de l'univers. Mais la nature humaine limitée, égoïste et obscure est inapte à recevoir ces grandes Présences ou à supporter leur action puissante. C'est seulement quand les Quatre ont établi leur harmonie et leur liberté de mouvement dans l'esprit, la vie et le corps transformés, que ces autres Pouvoirs plus rares peuvent se manifester dans le mouvement terrestre et que l'action supramentale devient possible. Car, lorsque toutes ses Personnalités sont rassemblées en elle et manifestées, que leur action indépendante s'est changée en une unité harmonieuse et qu'elles s'élèvent jusqu'à leurs divinités supramentales, alors la Mère est révélée comme la Mahâshakti supramentale et apporte ici-bas de leur ineffable éther ses transcendances lumineuses. La nature humaine peut être changée en une nature divine dynamique parce que toutes les lignes élémentaires de la conscience et de la force de Vérité supramentales sont accordées et que la harpe de la vie est prête pour les rythmes de l'Éternel.
Si vous désirez cette transformation, placez-vous sans hésitation ni résistance dans les mains de la Mère et de ses Pouvoirs et laissez-la, travailler sans entrave en vous. Vous devez avoir trois choses : la conscience, la plasticité, la soumission sans réserve. Vous devez être conscient dans le mental, l'âme, le coeur, la vie et même dans les cellules de votre corps, conscient de la Mère, de ses Pouvoirs et de leur action, car, bien qu'elle puisse travailler et travaille en vous, même dans votre obscurité et dans vos éléments inconscients et vos moments d'inconscience ce n'est pas la même chose que lorsque vous êtes dans une communion vivante et éveillée avec elle. Toute votre nature doit être plastique à son toucher, sans questionner comme le fait le mental ignorant et suffisant, qui interroge, doute, discute et qui est l'ennemi de sa propre illumination et transformation; sans insister sur ses propres mouvements comme le vital dans l'homme insiste en opposant avec persistance ses désirs récalcitrants et sa mauvaise volonté à toute influence divine; sans élever des obstacles ni se retrancher derrière l'incapacité, l'inertie et le tamas, comme le fait la conscience physique de l'homme qui s'attache à ses plaisirs dans la bassesse et l'ombre, se récrie contre tout contact qui trouble sa routine sans âme, sa paresse stupide ou sa somnolence apathique. La soumission sans réserve de votre être intérieur et extérieur produira cette plasticité dans tous les éléments de votre nature; la conscience, s'éveillera partout en vous par une ouverture constante à la Sagesse, la Lumière, la Force, à l'Harmonie et la Beauté, à la Perfection qui se déversent d'en haut. Le corps lui-même s'éveillera, unira enfin sa conscience, qui aura cessé d'être subliminale, à la Force supraconsciente supramentale, sentira toutes les Puissances de la Mère l'imprégner d'en haut, d'en bas et d'alentour et tressaillira à l'Amour et à l'Ananda suprêmes.
Mais tenez-vous sur vos gardes et n'essayez pas de comprendre et de juger la Mère divine avec votre petit mental terrestre qui aime à soumettre même les choses qui le dépassent à ses normes et à ses mesures, à ses raisonnements étroits et à ses impressions sujettes à erreur, à son ignorance agressive et creuse et à sa connaissance pleine de mesquinerie et de suffisance. L'esprit humain, enfermé dans la prison de sa demi-obscurité, ne peut suivre la liberté multilatérale des pas de la divine Shakti dont la rapidité et la complexité de vision et d'action dépassent la compréhension humaine hésitante. Les mesures du mouvement de la Mère ne sont pas les mesures de l'homme. Déconcerté par le changement rapide de ses nombreuses et différentes Personnalités, par sa création et sa destruction des rythmes, par ses accélérations et ses diminutions de rapidité, par ses diverses manières d'agir avec le problème de l'un et de l'autre, par son adoption ou son rejet tantôt d'une ligne d'action et tantôt d'une autre, ou par leur réunion simultanée, l'homme ne reconnaît pas la manière d'agir de la Puissance suprême quand elle s'élève en cercles à travers le labyrinthe de l'Ignorance vers la Lumière d'en haut. Ouvrez-lui plutôt votre âme, et soyez satisfait de la sentir par la nature psychique, de la voir par la vision psychique qui, seules, répondent avec droiture à la Vérité. Alors la Mère elle-même illuminera à travers leurs éléments psychiques, votre esprit, votre cœur, votre vie et votre conscience physique et leur révélera, à eux aussi, ses voies et sa nature.
Évitez également cette erreur du mental ignorant d'exiger du Pouvoir divin d'agir toujours suivant vos notions grossières et superficielles d'omniscience et d'omnipotence. Car votre mental exige d'être impressionné à tout propos par le pouvoir miraculeux, le succès aisé et la splendeur aveuglante; autrement il ne peut pas croire que le Divin est ici. La Mère fait face à l'Ignorance dans le domaine de l'Ignorance; elle est descendue ici-bas et n'est pas toute là-haut. Partiellement elle voile et partiellement elle dévoile sa connaissance et son pouvoir; bien souvent, elle les retire de ses instruments et personnalités et elle suit, afin de les transformer, la voie du mental qui cherche, du psychique qui aspire, du vital qui combat, de la nature physique emprisonnée et douloureuse. Il y a des conditions qui ont été posées par une suprême Volonté; il y a de nombreux nœuds emmêlés qui doivent être défaits et ne peuvent être tranchés brusquement. L'asoura et le râkshasa contrôlent cette nature terrestre en évolution et il faut leur faire face et les conquérir selon leurs propres conditions et dans leur propre fief et domaine, celui qu'ils ont conquis depuis longtemps. L'humain en nous doit être conduit et préparé à surpasser ses limites; il est trop faible et obscur pour pouvoir être élevé soudain à un état qui le dépasse trop. La Conscience et la Force divines sont là et font à chaque instant ce qui est nécessaire suivant les conditions du travail; elles prennent toujours la décision telle qu'elle est décrétée et façonnent au milieu de l'imperfection, la perfection qui doit venir. Mais c'est seulement quand le Supramental est descendu en vous que la Mère peut agir directement en tant que Shakti supramentale sur des natures supramentales. N'écoutez pas votre mental, il ne reconnaîtra pas la Mère même si elle est manifestée devant vous. Suivez votre âme et non pas votre mental, votre âme qui répond à la Vérité, non votre mental qui saute sur les apparences; confiez-vous à la Puissance divine et elle libérera en vous les éléments divins et façonnera, tout en une expression de la Nature divine.
Le changement supramental est décidé et inévitable dans l'évolution de la conscience terrestre; car cette conscience n'a pas terminé son ascension, et le mental n'est pas son sommet final. Mais pour que le changement arrive, prenne forme et dure, il faut qu'il y ait l'appel d'en bas avec une volonté de reconnaître et non de repousser la Lumière quand elle vient, et d'en haut la sanction du Suprême. La puissance qui s'entremet entre la sanction et l'appel est la présence et le pouvoir de la Mère divine. Seule la puissance de la Mère, et non aucun effort ou tapasyâ humains, peut briser le couvercle, déchirer le voile, façonner le vaisseau, et amener dans ce monde d'obscurité, de mensonge, de mort et de souffrance, la Vérité, la Lumière, la Vie divine et l'Ananda des immortels.   



MENU