Le Divin ne s'offre qu'à ceux qui s'offrent eux-mêmes à la Divinité.
Sri Aurobindo


Toutes choses sont des déploiements de la connaissance divine.
Vishnou Pourâna, 2.12.39


Toute la vie est un yoga.
Sri Aurobindo, La Synthèse des yogas - I.




lundi 13 décembre 2010

A LA RENCONTRE DE SRI AUROBINDO





Extrait de  "Yoga, comment éveiller et développer vos force latentes", 
"Aux pieds des grands sages":

<< On n'ignore pas que Sri Aurobindo a mis au point une méthode de discipline intérieure fondée sur trois yogas : le Karma Yoga (tra­vail), le Jnana Yoga (connaissance) et le Bhakti Yoga (yoga de l'amour-dévotion), qu'il a appelée Purna Yoga (yoga intégral) et qui permet à l'être humain de se consacrer tout entier au Divin.
Celui qui désire atteindre cet objectif ultime doit, selon cette doc­trine, accepter de subir une transformation radicale de sa nature. Pour ce faire, il lui convient, avant toute chose, de chercher et de trouver la nature divine inhérente qui réside en lui et de se soumettre mentale­ment, affectivement et physiquement au contrôle de cette expression plus élevée de l'être. C'était là, m'a-t-on-dit, le résultat atteint par Sri Aurobindo après trente années d'épreuves et de recherche spirituelle. J'écrivis donc à son Ashram à Pondichéry, pour savoir s'il me serait permis de le rencontrer.
Dès que j'eus reçu sa bienveillante réponse, je quittais Delhi pour sa ville. A mon arrivée, je me rendis à l'Ashram sans plus tarder. L'heure si ardemment désirée était enfin venue. Lorsque je le rencon­trai et que, dans un silence total, il plongea ses yeux dans les miens, je ressentis une longue vibration me traverser le corps. Sa seule présence m'emplit d'un tel respect et d'une telle émotion que je fus incapable de prononcer une parole.
Après un long moment, je pus enfin lui demander de m'éclairer sur la discipline spirituelle qu'il avait faite sienne. Elle me semblait, en effet, très différente de celle des autres yogas énoncés par les anciens Rishis, et d'une nature telle qu'il n'était pas donné à chacun de la met­tre en pratique.
Il me répondit en ces termes : « Il s'agit d'un objectif excessive­ment difficile à atteindre et que beaucoup considèrent comme irréalisa­ble. Poursuivre cette voie exige avant tout de la part de celui qui s'y engage une préparation personnelle intense, car le but souhaité n'est pas seulement de s'élever au-dessus de la conscience ordinaire du monde pour atteindre la conscience divine, mais d'amener la puis­sance transcendante de cette conscience divine à pénétrer dans notre esprit et notre corps de manière à les transformer et à manifester ici-bas le Divin ».
« Cette discipline ne peut s'acquérir au moyen d'aucun enseigne­ment formel, d'aucune forme déterminée de méditation, de mantras ou d'autres pratiques ; elle ne procède que de l'aspiration et de la concentration en soi-même ou envers le Divin ; c'est-à-dire qu'elle se traduit par une disposition de l'être à se laisser imprégner par l'in­fluence de la Toute-Puissance divine et de ses œuvres, par la présence de Dieu au coeur de l'homme et par la détermination qu'il prend de rejeter au loin tout ce qui y est étranger. L'objet ultime du Yoga Inté­gral consiste à réunir la Conscience universelle et la nature indivi­duelle pour les fondre en une vie humaine libérée et parfaite. Cette méthode permet, et favorise, l'harmonie entre nos activités et nos expé­riences intérieures et extérieures, dans une divine union. »
J'interrogeai alors le Maître sur la façon d'atteindre ce but. « Ce n'est que par la foi, par l'aspiration vers le Divin et par un abandon total de soi que l'on peut parvenir à cette disponibilité. Elle exige une transmutation totale de l'être, en tant qu'objet d'intérêt essentiel, afin de permettre l'élévation de l'homme vers le Divin et la descente de la conscience divine en l'homme. Tous les aspects, qu'ils soient mentaux, affectifs ou physiques de la conscience intérieure et extérieure de l'homme, doivent en être purifiés et illuminés. Cette descente de la conscience divine constitue la clef indispensable de la transformation spirituelle, et, sans elle, l'homme ne peut rien. » Après m'avoir dit ces mots, il se retira.
Lorsque je revins le soir, je lui demandai s'il était possible que des êtres n'ayant aucune connaissance préalable de la philosophie spiri­tuelle ou de la maîtrise du yoga soient capables de pratiquer cette forme de Yoga Intégral dans la vie de tous les jours.
Il me dit que tous n'ont pas reçu en partage la chance de pouvoir s'abstraire de la vie courante. Il faut donc, dans un premier temps, accepter cette discipline pour sa valeur d'expérience et de formation, et essayer de se libérer des désirs, des pensées et des attachements coutumiers de la vie, qui constituent un obstacle insurmontable à toute progression.
La meilleure façon de vivre dans son milieu habituel, tout en pour­suivant ses occupations, est de cultiver le détachement, l'égalité d'hu­meur et de garder une foi inébranlable dans le but à atteindre. L'obser­vance de certaines règles élémentaires, concernant la vie de tous les jours, comme le contrôle de soi et l'ordre matériel, se révèle indispensa­ble pour le maintien de la santé du corps.
Sri Aurobindo insista sur le fait qu'il n'est pas forcément néces­saire de renoncer au monde pour pratiquer le yoga, ou pour s'engager dans la voie spirituelle. C'est seulement, lorsque l'impulsion intérieure se fait si pressante que la vie ordinaire devient incompatible avec la recherche de l'objectif spirituel suprême qu'il faut s'isoler et méditer. Il faut de même, face aux événements de la vie, adopter une nouvelle atti­tude d'esprit qui puisse favoriser la mutation bénéfique de la nature intérieure et l'élargissement de l'expérience spirituelle.
Le Maître ajouta que, pour atteindre le but suprême, il est indis­pensable de s'en remettre entièrement et inconditionnellement entre les mains de Dieu. Cette soumission pour être parfaite ne doit compor­ter aucune réserve. Il faut renoncer à tout désir personnel, à tout atta­chement à des idées préconçues. Cette foi et cette confiance sont la pierre de touche de la reddition de soi qui consiste en l'offrande totale de sa personne à Dieu. Plus on se donne à Dieu et plus on est à même de recevoir, mais pour cela il faut cultiver la patience, l'acceptation, n'émettre aucune exigence et ne pas s'adonner au découragement.
La tâche la plus ardue consiste à s'abstraire totalement de sa pro­pre personnalité, à renoncer à son « moi ». Il est toutefois impossible au néophyte d'y parvenir immédiatement. Si cela était, il ne serait pas nécessaire de s'adonner à cette discipline spéciale du yoga. Pour l’homme ordinaire, cet acte de reddition ne peut être que progressif.
Je lui demandai, alors, si les individus ne se heurtent pas à des dif­ficultés différentes dans leurs progrès spirituels selon leur nature, car pour certains les obstacles peuvent être plutôt d'ordre mental, et, pour d'autres, d'ordre matériel. Le malaise universel de notre époque n'est-il pas le doute dont est en proie tout aspirant à la vraie vie spirituelle, qu'il vienne d'Orient ou d'Occident.
Il en convint et reconnut que peu d'êtres sont capables de domp­ter leur nature inférieure par la seule force de leur volonté. C'est pour­quoi les conseils d'un Guru compétent et expérimenté revêtent un caractère d'absolue nécessité pour le néophyte. La sagesse ne s'acquière que progressivement, les vertus à cultiver sont la patience, la sincérité, la volonté.
La discipline spirituelle exige de celui qui la pratique un détache­ment absolu du tourbillon des activités mentales et des remous de l'être physique (désirs et passions). Pour y parvenir, il faut être calme, persévérant et inébranlable.
Or, au début, la paix et le calme sont souvent intermittents. Ils vont et viennent. Il faut très longtemps pour en faire des éléments inhé­rents de notre nature. Le Maître insista sur la nécessité d'éviter toutes les situations susceptibles de détourner le néophyte de sa concentra­tion spirituelle. L'aspirant doit s'abstenir de toute discussion avec ceux qui sont hostiles aux principes du yoga, car une argumentation sur ce sujet ne peut que troubler son esprit et sa paix intérieure. Convertir les autres n'est pas son rôle.
Aucun acte ou jugement inspiré par l'égoïsme ou l'intérêt person­nel ne doit venir ternir cette quiétude de l'âme, car il n'est possible de parvenir à la vraie conscience qu'à travers le détachement et l'impartia­lité. Ce n'est qu'en cultivant l'égalité d'humeur que l'on peut espérer construire sur des bases solides. Aussi désagréables que soient les évé­nements, aussi déplaisante que puisse paraître la conduite des autres à notre égard, il faut apprendre à les accepter avec un calme parfait que ne trouble aucune réaction d'humeur. C'est là qu'on reconnaît si l'on a véritablement atteint le samata (équilibre intérieur). Il est facile d'être maître de soi, lorsque tout va bien et que les événements sont favora­bles ; ce n'est que dans l'adversité que s'éprouve l'authenticité du calme, de la paix et de la sérénité.
Ceux qui choisissent une vie de renoncement peuvent se concen­trer uniquement sur la réalisation de leur être intérieur. Sri Aurobindo dans sa méthode de Yoga Intégral montre que, tout en restant dans le monde, nous pouvons élever notre conscience terrestre vers le Divin, en laissant la descente de l'esprit nous pénétrer et nous éclairer de toute part.>>

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